« Ici et maintenant ». Ça me disait quoi ? Cette expression, cette courte phrase, je l’avais bien entendu… tellement de gens la disent, d’autres y croient alors que certains en ignorent le sens et la grandeur. Que chercher à retenir de cet « ici et maintenant » ? Seulement une phonétique, une formule populaire ou encore un vieil adage ? Voilà qui ne semble pas trop fort.
Je croyais pourtant avoir saisis et compris sa signification. En revanche, cela ne m’appartenait pas, puisque cette courte phrase appartient à chacun de nous et est pour tout le monde. Pourtant, dans mon esprit, c’était comme si je la tenais déjà. Oui, j’avais écouté ce que d’autres disaient… puis un jour, ou une nuit, j’ai entendu.
Cet « ici », c’est là où nous sommes en ce moment précis et il faut lui accorder toute l’attention qu’il mérite. Et cet ici physique, extérieur, peut changer à chaque instant, mais en ce moment, nous sommes ici. Il existe également cet ici intérieur, intrinsèque, qui est l’essence de nous, qui reste là et va au-delà des nuages dont nous inondent nos pensées. Il faut lui créer de l’espace et lui faire de la place dans « ce qui est ». L’ici ne peut exister dans l’ailleurs, puisqu’il est… ici, nulle autre part. En ce moment précis, nous sommes ici et non « là-bas ».
Ce « maintenant », c’est qui arrive en ce moment précis. Il ne saurait être dans un passé qui déjà semble un rêve (un rassemblement des hiers qui ne vivent que dans nos mémoires – donc dans nos pensées), ni dans un futur qui n’existe pas. D’ailleurs, le moment présent est le seul qui puisse exister réellement, puisque ce futur tant convoité, création de nos pensées (qui elles créent de l’anxiété, de la peur et du doute), ce demain donc, lorsqu’il « sera là », sera aussi, encore et toujours, ce moment présent. Nous détenons tout un pouvoir, vous ne croyez pas ? Le pouvoir du moment présent, comme dit Eckhart Tolle.
En somme, « ici et maintenant » ne saurait être qu’une simple courte phrase pour dire un endroit ou définir un temps. Il est la seule réalité. Et pour vraiment le comprendre et l’ancrer en nous, il nous faut ouvrir la porte à ce mystère qui n’est pourtant plus un secret que seuls des initiés détiennent. Nous pouvons aussi profiter de cette grâce par l’abandon de nos pensées (illusions d’un mental qui se joue de qui nous sommes !?!) que « ailleurs et demain » sont plus beaux, plus forts et vont nous « sauver ».
Vivre cet « ici et maintenant » demeure un choix éclairé, conscient. Néanmoins, cet abandon demande d’être confiants, d’être vigilants à ce qui arrive en nous et autour de nous… de respirer profondément et continuer la route avec conscience et humilité. Ne pas « croire et espérer », mais « savoir et être ».
Ce lâcher-prise, c’est aussi porter attention à ces petites « choses » quotidiennes qui nous accompagnent, leur accorder de l’espace et reconnaître leur importance. Gratitude pour ces choses physiques que nous touchons, ces gestes que nous portons ou encore tout ce qui autour de nous ne se contrôle pas. Cet abandon, ce lâcher-prise est une acceptation et non une résistance à ce « qui est ». C’est faire et avoir confiance en ce qui n’est pas de notre ressort et que nous ne voyons ou ne percevons pas. La résistance, plutôt que de lui résister, il faut la voir comme un enseignant venu marcher avec nous pour nous aider à avancer vers plus de conscience. Il faut enlacer et accueillir cette résistance qui vient, l’aimer même.
Que dire de plus, là tout de suite ? Que cet « ici et maintenant », il est la Vie… parce que c’est aussi tout ça la vie. Alors merci pour cet « ici et maintenant », pour ce souffle de vie, pour cet oiseau de passage, pour cet enfant qui naît. Il n’y a rien de mieux que « l’ici et le maintenant » pour vivre, pour créer, pour être et pour participer à l’univers. Comme dit le sage, « Ne va pas chercher trop loin ce qui est déjà dans le creux de ta main ».
Delvina Lavoie